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Le Nobel de la paix attribué à la militante iranienne emprisonnée Narges Mohammadi


La militante iranienne Narges Mohammadi, lauréate du prix Nobel de la paix. /Photo d’archive de la famille Mohammadi/REUTERS

OSLO (Reuters) – Le prix Nobel de la paix 2023 a été attribué à Narges Mohammadi, journaliste et militante iranienne des droits de l’homme emprisonnée à Téhéran, a annoncé vendredi le comité Nobel norvégien.

Narges Mohammadi, 51 ans, milite notamment pour les droits des femmes et l’abolition de la peine de mort. Elle a déjà été emprisonnée plusieurs fois, et purge actuellement une peine à la prison d’Evin, à Téhéran, depuis septembre 2021.

Auprès du New York Times, Narges Mohammadi a affirmé après l’annonce de sa récompense qu’elle ne cesserait jamais de lutter pour la démocratie et l’égalité, même si cela signifiait qu’elle devait rester en prison.

“Je continuerai à lutter contre la discrimination incessante, la tyrannie et l’oppression fondée sur le sexe exercées par le gouvernement religieux oppressif jusqu’à la libération des femmes”, a-t-elle déclaré dans un communiqué cité par le journal.

“Nous espérons envoyer un message aux femmes du monde entier qui vivent dans des conditions où elles sont systématiquement discriminées : ‘soyez courageuses, ne lâchez pas'”, a expliqué à Reuters la présidente du comité Nobel norvégien Berit Reiss-Andersen.

“Si les autorités iraniennes prennent la bonne décision, elles la libéreront afin qu’elle puisse être présente pour recevoir cet honneur (en décembre), ce que nous espérons avant tout”, a-t-elle ajouté.

Selon Reporter sans frontières, Narges Mohammadi a été condamnée à plus de 10 ans de réclusion, une peine qui a été alourdie après que la militante a dénoncé les violences sexuelles commises par des officiers sur des détenues.

Elle est notamment accusée de propagande antiétatique et sa peine pourrait encore être prolongée en raison des 5 procès en cours qui lui sont intentés, selon l’ONG.

Si les autorités iraniennes n’ont pas encore commenté l’attribution du Nobel de la paix à Narges Mohammadi, l’agence de presse semi-officielle Fars a critiqué un prix obtenu “des mains des occidentaux” en raison de “ses actions contre la sécurité nationale de l’Iran”.

Narges Mohammadi est vice-présidente du Centre des défenseurs des droits de l’homme en Iran, une organisation non gouvernementale dirigée par Shirin Ebadi, lauréate du prix Nobel de la paix en 2003.

Elle est la 19e femme à remporter ce prix, vieux de 122 ans.

“Ce prix Nobel va encourager le combat de Narges pour les droits de l’homme, mais plus important encore, il s’agit en fait d’un prix pour la femme, la vie et la liberté”, a déclaré à Reuters Taghi Rahmani, son époux réfugié à Paris.

De son côté, le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) a salué le prix, qui permettra de mettre en lumière le courage et la détermination des femmes iraniennes.

“Nous avons vu leur courage et leur détermination face aux représailles, à l’intimidation, à la violence et à la détention”, a déclaré Elizabeth Throssell, porte-parole du HCDH, à la presse à Genève.

“Elles sont harcelées pour ce qu’elles portent ou ne portent pas. Elles font l’objet de mesures juridiques, sociales et économiques de plus en plus strictes. C’est vraiment quelque chose qui met en lumière le courage et la détermination des femmes d’Iran et qui montre à quel point elles sont une source d’inspiration pour le monde entier”.

La “saison” des Nobel, qui s’est ouverte lundi, a notamment récompensé deux Français du Nobel de physique, Pierre Agostini et Anne L’Huillier aux côtés du Hongrois Ferenc Krausz.

Le prix Nobel de la paix, doté de 11 millions de couronnes suédoises (947.125,73 euros), sera décerné à Oslo le 10 décembre, date d’anniversaire d’Alfred Nobel.

Le prix de la Banque de Suède en sciences économiques, communément appelé prix Nobel d’économie, sera décerné lundi.

(Reportage Gwladys Fouche, Nerijus Adomaitis, Terje Solsvik et Tom Little à Oslo, Anthony Paone à Paris, Charlotte Van Campenhout à Bruxelles, rédigé par Kate Entringer, édité par Blandine Hénault)

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